Autoportrait, racines

Le peintre peint son reflet, entouré des thèmes de son inspiration : le soleil couchant sur la dune du Pyla, les reflets verts de l’eau du Bassin d’Arcachon, les couleurs chaudes des toitures d’un village espagnol, les grands pins des Landes et le cèdre bleu du jardin de sa maison à Villeneuve-le-Comte. Une chaise lorraine, un livre de Cervantès et un bouquet de branches d’arbousiers et de figuiers composent le premier plan.

Les yeux noirs du peintre, auréolés d’une chevelure brune bouclée et d’un col noir sous sa blouse d’artiste, se détachent nettement du visage sobrement traité. Les mains de l’artiste tiennent les « outils de sa passion », le pinceau dans sa main droite et le chiffon dans sa main gauche.

Jacques Chaban-Delmas avait confirmé ces correspondances entre ces racines en écrivant dans la préface de son catalogue raisonné : « Germaine Lacaze vous dira qu’elle a peint l’Espagne parce qu’elle a retrouvé la lumière de notre Bordelais et les chaudes vibrations des Landes. »

Autoportrait de la maturité, cette peinture d’un miroir qui réfléchit les sources d’inspiration du peintre devient un testament pictural : l’œuvre d’art est une création cérébrale issue de l’assimilation des émotions de la nature environnante, dans l’espace-temps d’une vie.

Cette toile a reçu le Grand Prix de la Fondation Taylor en 1979.