La pinasse rouge

Peinture d’une pinasse, le bateau oblong emblématique du bassin d’Arcachon. Couchée sur babord dans un estey à marée basse, les volumes du bateau d’un rouge vif occupent tout l’espace du premier plan. Un village de maisons de pêcheurs en bois noir goudronné à l’arrière crée une seconde vague sombre en fond de toile.

Véritable portrait, la solide structure de la pinasse bien charpentée s’offre à nos yeux dans son décor de vie, celui de la culture ostréicole. Le rouge et le noir traduisent la passion qu’a entretenue toute sa vie l’artiste avec le bassin d’Arcachon.

Jardin de La Teste le soir

Cette toile en hauteur représente un bout de jardin arcachonnais. C’est le soir, et un grand potager délimité par du linge séchant sur un fil, au centre de la toile, en continuité avec une barrière feuillue au premier plan occupe la toile. En arrière-plan, quelques maisons aux toits de tuiles rouges à deux croupes caractéristiques de la Gironde.

Deux personnages se devinent fondues dans leur environnement, l’un masculin occupé à bêcher dans le bas du potager et l’autre féminin à étendre du linge.

Cette superbe toile au sujet modeste illustre le style flamboyant des années 60 de l’artiste où les touches de couleurs font vibrer les luminosités d’une vie, aussi simple soit-elle.

Le jardin peint est celui de la maison de la cousine germaine du père de l’artiste, Nini, et de son mari, André Pannebiau, dont la fille Michou servit si souvent de modèle. Ce jardin se situe à La Teste, commune limitrophe d’Arcachon.

Taormine

Dessin à l’encre de Chine fait à l’intérieur du théâtre grec de Taormine en Sicile.

Les perspectives lointaines des plaines environnantes sont dessinées au travers des deux brèches massives du mur de fond de scène, dont celle au centre droit de la feuille au travers d’une arche de plein cintre. Le graphisme d’une barrière occupe la partie inférieure droite et il se poursuit par le tracé de tout le pourtour des premiers gradins de l’amphithéâtre sur le bas de la feuille.

Si quelques silhouettes humanisent la scène, ce dessin  reste très minéral. C’est l’impressionnante géométrie circulaire intérieure de la ruine antique complètement ouverte sur l’extérieur qui est rendue par l’artiste avec en perspective une route serpentant comme point de fuite, symbole du temps passé d’une civilisation disparue.

Villa d’Este

Dessin à l’encre de Chine tout en hauteur des jardins de la Villa d’Este, avec ses majestueux eucalyptus d’où émerge une tourelle de la villa romaine.

Cette vision informelle et touffue de grands arbres s’élevant jusqu’au ciel occupe presque tout l’espace de la feuille. Seuls, le bassin, au premier plan, et la tourelle placée en perspective au milieu de la partie haute du dessin, constituent des zones au graphisme rectiligne signes d’un monde « civilisé ».

Même minoritaires, les positions symétriques de ces deux constructions structurent le reste du dessin et répartissent les arbres en deux grandes masses feuillues. Elles laissent ouvert entre elles un chemin qui s’élève vers un lieu mystérieux dont l’accès exige de traverser une quasi « forêt vierge ».

Transformer la vision réaliste d’un beau point de vue en une rêverie structurée et foisonnante, tel est la pratique d’une artiste qui a le souci d’ouvrir des chemins, de créer des résonances et d’asseoir tout graphisme même le plus luxuriant dans une solidité de formes.

Rome, les vestales

Dessin à l’encre de Chine des statues de vestales sur le forum romain au milieu de la végétation. En arrière-plan, sur la gauche, le temple de Romulus et sur la droite la basilique de Santa Francesca Romana.

Les différents traitements graphiques, tout en griffonnage des feuillages et tout en lignes de forces des vieilles pierres, accrochent notre œil et le fait déambuler dans les nombreuses perspectives : verticalités des corps des vestales et du clocher de la basilique dressé en arrière-plan, diagonale descendante des socles des statues, diagonale montante du chemin de traverse montant vers le temple de Romulus, nuages s’élevant en volutes de fumée … Le silence de ce dessin nous fait sentir la force intemporelle et romantique de ce lieu où des femmes consacrées se gardaient pour entretenir le feu sacré de la Cité.

En plaçant au centre de la feuille la seule vestale encore intacte au même niveau en raccourci que le clocher de la basilique romaine, l’artiste témoigne peut-être indirectement de son propre engagement artistique, pris lui aussi très jeune, que le succès des nouvelles « religions » picturales n’a pas détourné de sa mission.

La route landaise

Toile toute en hauteur de cette route landaise légèrement sinueuse s’enfonçant dans la forêt de pins.

Les troncs mordorés des arbres se dressent sur un ciel clair nuageux où l’on devine un soleil qui essaie de percer. Le sol couvert de fougères et les saignées des pins traités en couleurs chaudes s’opposent aux cimes des arbres d’un bleu noir.

La forêt des Landes est une réminiscence de l’enfance bordelaise de l’artiste. C’est la matrice de ses vacances familiales au hameau du Mayne, lieu de naissance de son père, dans le village de Salles en Gironde. Omniprésente aux portes de Bordeaux, traversée lors de ses déplacements chez ses cousins à Arcachon, elle a toujours constitué un lieu naturel de promenades qui n’a pu qu’impressionner, par ce monde inhabité rempli à l’infini des mêmes arbres, une enfant sensible à son environnement.

La petite barrière de train au premier plan retient symboliquement le regard du spectateur, et/ou du peintre, et/ou de l’enfant, attiré par l’immensité sylvestre vers où s’enfuit la route.

Toits et terrasses, Sienne, le Duomo

Dessin à l’encre de Chine des toitures de Sienne vues de la Tour du Mangia du Pallazo Publico. La vieille ville à l’arrière du Duomo à l’aplomb de son clocher s’étale à nos yeux. A la fin des années 50, l’Italie est devenue pour l’artiste une destination qui complète sa passion des pays du sud.

L’œil se plait à parcourir ce dédale de toits et de terrasses qui s’avancent vers nous en diagonales successives. Le célèbre clocher du Duomo tout en marbres noirs et blancs émerge du paysage.

Cette œuvre illustre le plaisir de l’artiste à tracer des visions où s’amoncellent en plusieurs plans, des formes géométriques et des perspectives éclatées. Des détails – silhouettes sur une place, linges séchant sur une toiture, ébauches de nuages … – apportent une touche nerveuse et moderne au dessin.

Menton, vieilles maisons du port

Cette gouache de Menton illustre bien le style plus structuré des années 50 de l’artiste où le dessin des formes prime sur les touches de couleurs qui seront moins calmes dans la décennie suivante.

Les maisons des quais de la vieille ville de Menton sont l’occasion de composer tout un ensemble de parallélépipèdes se dressant tels des gratte-ciels dans un ciel orageux de la Côte d’Azur. Elles sont aux couleurs des agrumes de la ville, citrons et oranges.

Des barques de pêcheurs sur le rivage apportent des courbes horizontales en couches successives au bas de la composition.

Enserrées entre une « vague » de couleur rougeoyante au tout premier plan et un ciel orageux au dernier plan sur des Alpes à peine évoquées, les formes résistent chacune de leur côté, avec quelques arbres aux branches jaunes végétalisant ce paysage très minéral de la vieille ville.