Portrait de Jacqueline Cerrano à trente ans

Ce portrait de l’artiste-peintre Jacqueline Cerrano assise de trois-quarts le regard tourné vers le peintre est un hommage particulièrement original d’une femme peintre envers une autre femme peintre.

Traité avec une sobriété de couleurs, ce portrait se détache sur un simple fond vert. Il traduit une vraie personnalité qui affirme, avec son regard et ses mains particulièrement soignés, son métier d’artiste peintre.

Jacqueline Cerrano, née à Nice en 1920, décédée à Paris en 2007, est un peintre-graveur français de style néo-expressionniste. Formée à l’Ecole Nationale des Arts décoratifs de Nice de 1937 à 1941 et aux Beaux-Arts de Paris de 1945 à 1947, elle mène en parallèle une carrière de professeur de dessin. Souvent primée (Prix Chenavard de gravure en 1947, Grand Prix des Arts de la Ville de Paris en 1960, Grand Prix de l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs en 1972), elle devient sociétaire du Salon d’Automne en 1975 et expose dans les principaux salons parisiens et de banlieue. Voyages en Afrique du Nord, en Espagne, en Grèce, en Italie et au Mali.

Portrait du Dr Robert T. Coliez à l’atelier rue Notre-Dame-des-Champs

Portrait d’un homme élégant en buste, les bras croisés,  particulièrement vivant par le regard incisif porté au travers de ses grandes lunettes rondes. L’homme en costume vert sombre se détache d’un fond bleu-vert plus clair.

L’homme semble résigné à attendre patiemment la fin de la pose, la tête légèrement courbée comme pour bien rentrer dans la toile. Le regard reste interrogatif envers cette artiste, qui fera de lui au total une dizaine de portraits.

Le modèle, le professeur de médecine Robert Coliez, entretient une relation de confiance avec l’artiste tout au long de sa vie après le succès d’une opération chirurgicale délicate subie en 1938.

Mes parents sur la plage de Biarritz

Pochée sur une plage – celle de Biarritz – lors d’un séjour de vacances familial durant l’été 1931, cette gouache nous montre les parents de l’artiste, vus de côté, assis face à la mer sur un plaid étalé à même le sable, avec vestes, béret et chapeau de ville.

L’utilisation par l’artiste de la seule couleur noire pour représenter ses parents, semblant du coup ne faire qu’un dans leurs costumes de citadin devant la luminosité de la page-plage blanche environnante, témoigne d’un attachement filial certain.

La mère de l’artiste, Marie Célina Lacaze, née Chabres, (1887–1953), dite Jeanne, est couturière de formation. Née comme sa fille au Bouscat, elle rencontre son mari dans le quartier des Chartrons de Bordeaux et le rejoint à Paris dès la fin de la première guerre mondiale en 1918 avec leur fille unique Germaine alors âgée de 10 ans.

Le père de l’artiste, Pierre-Georges Lacaze (1882–1955), dit Léopold, issu d’une famille de tonneliers, devient maitre de chai, puis directeur au sein de la maison Deleau à la halle aux vins de Jussieu à Paris après un début professionnel dans les chais de Bordeaux. D’un caractère volontaire, il pousse sa fille unique à passer les concours de professeur de dessin à l’issue de ses parcours à l’Ecole des Beaux-Arts et à la Grande Chaumière.

L’année 1931 marque pour l’artiste, alors âgée de 22 ans, la fin de ses études à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier de Lucien Simon et le début de quelques années d’études complémentaires à l’Académie de la Grande Chaumière dans l’atelier d’Othon Friesz.

Autoportrait au vase de fleurs

Réalisé à 23 ans, cet autoportait au vase de fleurs a une mise en page originale avec une perspective fuyante en diagonale. En partie inférieure à gauche, une nature morte en contre-plongée composée d’un bouquet de tulipes rouges sur une table, et sur la droite en partie supérieure, le portrait du peintre vu dans une glace, la main gauche à la ceinture et le bras droit masqué que l’on imagine levé, le pinceau à la main.

Les nombreuses verticales et diagonales, rectilignes ou courbes, créent des zones triangulaires qui s’empilent de bas en haut, structurant la composition.

A l’exception de la couleur rouge des tulipes, les blancs et les noirs se partagent presque entièrement la palette des couleurs. Les éclats de lumière blanche (robe, manche et fond de la toile) contrastent avec les zones d’ombre (livre, chambranle de porte, buste et tête) donnant du mouvement à l’œuvre, surtout avec l’ouverture lumineuse en arrière-plan.

En accordant autant d’importance à la nature morte qu’à son autoportrait, la toile indique la passion du peintre pour ces bouquets de fleurs qui constitueront une source d’inspiration majeure de son œuvre à venir.

Cette toile de jeunesse a reçu le prix des travaux de vacances à l’atelier Lucien Simon aux Beaux-Arts de Paris en 1931.

Portrait de la mère de l’artiste

Ce beau portrait de la mère de l’artiste, peinte de face, assise dans un fauteuil avec sa main gauche tenant un morceau de tissu devant une table avec bouquet et ciseaux de couture au premier plan, est original tant par sa mise en page – l’axe du modèle est positionné de biais légèrement décalé sur la gauche – que par le regard ouvert des yeux du modèle aux arcades sourcilières très soulignées, dont le graphisme avec les cheveux fait écho au décolleté de la robe noire.

La touche est légère, les a-plats de peintures noires et blanches font émerger deux zones picturales qui semblent décalées l’une par rapport à l’autre.

La mère de l’artiste, Marie Célina Lacaze, née Chabres, (1887–1953), dite Jeanne, est réputée pour un caractère très aimable. Elle est d’un soutien fort dans la carrière picturale de sa fille unique, reconnaissant que celle-ci sera la passion de sa vie.

Cette toile fût offerte au Musée des Beaux-arts de Bordeaux par l’artiste en décembre 1993, quelques semaines avant son décès.