Venise, après-midi, le grand canal

Belle vision d’une tranche du Grand Canal avec, en fond de toile, les façades de couleur alternée à dominantes rouge ou blanche de palais vénitiens. Les sombres porches d’eau et les fenêtres gothiques de pierre blanche se reflètent dans l’eau du canal qui occupe toute la moitié inférieure de la toile. Dans ce décor, deux éléments sont mis en scène : une barque chargée de caisses jaunes traverse latéralement le Grand Canal de gauche à droite, et une spectatrice peinte de dos dans l’angle inférieur gauche de la toile, assise sous une treille décorée de lampions oranges, regarde le spectacle.

Dialogue des couleurs, unies en partie haute et déstructurées en partie basse ; chaudes en partie centrale de la toile et froides dans le ciel et le plan d’eau du premier plan.

La tâche jaune passe impuissante à s’imposer mais laisse des oranges et des verts dans la treille, pour le plus grand plaisir de l’artiste, spectatrice et compositrice de cette symphonie picturale.

Palais des Doges

Très belle lithographie en hauteur de Venise, aux couleurs délavées rose et verte, où la façade du palais des Doges, côté Riva degli Schiavoni, occupe une grande partie en haut à gauche de l’œuvre. Une rangée de gondoles est positionnée en diagonale, en partie inférieure droite du dessin, retenues par des pieux de bois se dressant sur toute la partie droite.

La plume de l’artiste prend plaisir à rendre les détails de l’architecture gothique des arcades, la diversité des surfaces, les courbes des gondoles et la verticalité des pieux. Le graphisme précis du dessin du palais et le parallélisme des gondoles traduisent toute la grâce et la force imposante de cette ville.

Mais les formes en ogive se répètent, des fenêtres aux gondoles et s’imposent même aux pieux de bois. Elles créent, avec cette rangée des gondoles si bien alignées sur la façade aqueuse du bassin de Saint-Marc, un autre arrangement graphique tout aussi gothique.

Le Grand Canal turquoise et vert jade

Vue classique des peintres de Venise : l’extrémité du grand canal, en aval du pont de l’Accademia, vers le Bacino, entre deux successions de palais disparaissant à l’horizon, où l’eau et le ciel se rejoignent, avec sur la droite, au dernier plan, les coupoles de l’église de la Salute.

Quelques ducs d’Albe rouges et blancs tracent des verticales.

Le vrai sujet de la toile est l’eau turquoise et vert jade du grand canal, toujours en mouvement, illuminée par le ciel et mise en valeur par les couleurs chaudes des façades.

Pour Germaine Lacaze, l’architecture du grand canal organise le dialogue permanent entre le ciel et l’eau, entre les éléments solides et liquides. Les trois marches de droite du porche d’eau s’enfonçant dans l’eau, semblent nous inviter à y participer et à rejoindre le ciel par l’eau du grand canal.

La Ca d’Oro

Vision de la belle façade en marbre blanc du palais de la Ca d’Oro de Venise et du reflet qu’elle donne sur l’eau du grand canal, placé au centre de la toile. Le premier plan nous donne l’impression d’un survol du plan d’eau au raz des gondoles.

Le ciel bleu et blanc participe au dialogue du magnifique palais de la Ca d’Oro avec son miroir.

Les touches informes de l’eau contrastent avec les lignes noires des gondoles et les lignes blanches des architectures gothiques des façades.

Cette toile illustre parfaitement la lecture picturale de l’artiste des interactions de la lumière avec tous les éléments constitutifs du décor vénitien.

Le Dôme vert de San Simeone Piccolo

Vue de l’église San Simeone Piccolo et de son grand dôme vert si caractéristique, sise à l’entrée du grand canal de Venise, peinte légèrement de côté, depuis  l’autre quai. Au premier plan, un ponton avec trois personnes de dos, deux femmes et un enfant au chapeau de gondolier, ainsi que la poupe d’un vaporetto stationné à l’arrêt Riva de Biasio.

La toile est construite en quadrillage avec quatre bandes horizontales parallèles au plan d’eau et l’église en vertical. Avec son dôme surdimensionné et son escalier théâtral débouchant sur l’eau, San Simeone Piccolo semble relier le ciel à l’eau du canal.

Des interférences de lumières et de couleurs réagissent entre les façades des bâtiments, l’eau du canal et les nuages : c’est le mystère vénitien auquel nous convie l’artiste et que partagent avec nous les trois spectateurs du premier plan.

Venise, la VIème flotte

Superbe vue circulaire du bassin de Venise depuis le quai degli Schiavoni où les bateaux amarrés en épi au premier plan, nous emmènent par la droite vers la masse rose du Palais des Doges éclairé par le soleil couchant, avec la perspective du Grand Canal comme point de fuite. Puis l’ombre verte de l’église de la Salute se détache en contre-jour sur un ciel rougeoyant. Enfin, la proue d’un porte-avion venant du canal du Canaregio et les poupes de deux autres bâtiments de la VIème flotte américaine nous ramènent par la gauche au premier plan.

Originalité de la confrontation du passé et du présent de ces deux puissances maritimes, avec la pointe de la douane qui semble être la proue d’un bateau qui achève le défilé naval. Le campanile de Saint Marc pourrait être quant à lui la cheminée du « paquebot Venise », désormais à quai, parmi sa flotte de vaporettos, de remorqueurs et de bateaux de transport de voyageurs.

Venise, l’orage

Vision nocturne, colorée et sombre, d’un orage sur le bassin de Venise devant la façade du Palais des Doges, éclairée par un soleil couchant au-dessus du grand canal, et traitée d’une couleur d’un rose lumineux chère à l’artiste.

Ciel et plan d’eau sont traités picturalement à l’identique par de larges touches de pinceau apposées horizontalement, l’une à côté de l’autre.

Mosaïque impressionniste et modernité des touches composent une superbe atmosphère, où les formes architecturales ne vivent que par la lumière reçue.

Basilique Saint-Marc de Venise

Dessin à l’encre de Chine de la basilique Saint-Marc de Venise vue sur le côté, depuis le café longeant la piazzetta entre, à droite, l’angle du Palais des doges, et à gauche, l’entrée du campanile de Saint-Marc. Les bulbes et les voussures de la façade byzantine se répondent et occupent pleinement la feuille dessin en semblant s’élargir vers le ciel. La masse du bâtiment s’impose avec le foisonnement de sa toiture entre la galerie lobée Renaissance du Palais des Doges et les colonnes corinthiennes du porche du campanile de Saint-Marc.

Les ébauches d’un lampadaire, de quelques pigeons et les silhouettes anonymes dessinées au premier plan tels les personnages d’un film en accéléré, illustrent le passage de tant d’hommes et de femmes venus des siècles passés admirer le cœur religieux de la Sérénissime.

« Aucun endroit de la terre n’a donné lieu, plus que Venise, à cette conspiration de l’enthousiasme. »
                               Guy de Maupassant, la Vie errante, 1890