Cette solide nature morte aux livres se structure autour de plusieurs formes géométriques aux tonalités chaudes. La principale forme est celle d’une table rectangulaire vue de trois-quarts recouverte d’une nappe rose clair, couleur fétiche du peintre, un livre ouvert posé en son centre, avec le cylindre blanc du revers d’une grande feuille imprimée sur la gauche qui perce la composition. Au premier plan le dossier d’une chaise lorraine rectangulaire peint à contre-jour dresse des verticales qui renvoient aux pieds de table et à la colonne du fond. Sur la droite, des livres parallélépipédiques s’empilent en tournant. Un livre à la couverture carmin légèrement ouvert est posé debout au centre de la toile entre un pot à pinceaux et une bouteille de vin, autant de symboles de vie pour l’artiste.
Avec un environnement périphérique plutôt sombre, l’artiste joue sur la luminosité des surfaces beaucoup plus claires au centre de la toile pour illustrer toute la force de la création artistique capable de réinventer la « toile blanche », de donner forme aux objets et de repousser dans toutes les directions les trous noirs de la stérilité picturale.
Après guerre, après la disparition de Lucien Simon en 1945 et celle d’Othon Friesz en 1949, l’artiste se sent seule pour forger son destin d’artiste peintre. L’usage de couleurs multiples ne fait pas encore partie de son vocabulaire favori, mais la solidité de la composition par la couleur est bien présente.