Maternité au jardin

Toile d’une scène familiale d’une mère vue de face assise avec ses deux enfants dans un jardin, l’un invisible dans son berceau, l’autre, une petite fille, vue de trois quart arrière, positionnée sur la partie inférieure droite de la toile, assise aux pieds du berceau. Les deux personnages portent des chapeaux les protégeant d’un environnement qu’on devine bien ensoleillé.

La mère, penchée en avant sur le berceau, ajuste le tulle protégeant le bébé, la petite fille regarde sa mère, la main gauche portée à hauteur de sa bouche. Un treillis de bois vertical  aux armatures en losange structure toute la hauteur droite de la toile.

Des tâches lumineuses ensoleillées d’un jaune-vert clair illuminent l’intimité de la scène : d’abord sur la pelouse à l’arrière de la toile en perspective vers un sous-bois  au traitement pictural très abstrait, puis sur le haut de la poitrine de la mère de famille en contraste avec son visage à peine ébauché à l’ombre d’un grand chapeau de paille et enfin aux pieds du berceau.

La petite fille regarde sa mère qui regarde son bébé. Scène d’un intimiste heureux en harmonie avec son environnement.

L’ombre mobile

Sujet typiquement lacazien que cette composition de deux femmes se faisant face dans un jardin ensoleillé, l’une lisant vue de dos et l’autre faisant des travaux de couture, peinte de face allongée sur un chaise longue.

Le décor : une maison arcachonnaise au toit rouge au lointain et quelques arbres d’un bleu sombre, vraisemblablement des pins, sur la gauche structurant la partie supérieure ; un arbuste aux feuilles vert-bleu, peut-être un mimosa, au premier plan occupant la droite de la toile et créant un écrin-écran de verdure à la couturière.

Des touches de couleurs bleues, vertes, rouges et surtout jaunes, structurent la toile de façon personnalisée, sans aucune répétition.

Concentrées sur leurs occupations respectives, les deux femmes semblent mystérieusement soudées hors du temps. Le beau titre de cette toile, « l’ombre mobile », nous donne la clé de l’énigme : c’est l’ombre et la lumière qui bougent autour de ces deux femmes immobiles dans leur bulle qui constituent le film de cet après-midi d’été qu’a voulu composer l’artiste.

Le vote des femmes

Rare toile militante de Germaine Lacaze, spécifiquement composée pour le thème « Un évènement » retenu pour l’édition du Salon des Peintres témoins de leur temps, de mars 1963, au musée Galliéra. Le choix du droit de vote aux femmes accordé 18 ans plus tôt en 1944 par le Général de Gaulle à la Libération, est caractéristique de la grande sensibilité féministe de l’artiste et de l’importance qu’elle apporte à l’exercice de ce droit fondamental.

S’étant peinte au centre de la toile, en tête des votantes, glissant son bulletin dans l’urne, elle est suivie, par une femme élégante (posée par son amie bordelaise Mme Sartoulet) et par des femmes de toutes générations. Clin d’œil de l’artiste : la silhouette du Général de Gaulle se devine sous les drapeaux.

Femme artiste, consciente de son talent très jeune et devant le  justifier plus que de nécessaire dans un milieu artistique de peintres majoritairement masculins, Germaine Lacaze a affirmé tout au long de sa carrière le droit des femmes à participer à l’égal des hommes au merveilleux métier de peintre.

Participant régulièrement au Salon des femmes peintres et sculpteurs jusqu’à sa fermeture en 1970, accordant dans l’iconographie de son œuvre une place privilégiée mais non exclusive au corps féminin, Germaine Lacaze témoigne ainsi par cette œuvre de sa vision militante d’un nécessaire juste équilibre entre les sexes dans tous les domaines.

Retour de promenade

Jeux de lumière et poses originales pour ces deux jeunes filles, vues debout de face, de retour de promenade, et posant sur le palier d’une porte-fenêtre à petits carreaux, l’une, à droite, en pantalons blancs, la main gauche posée à hauteur sur un montant de porte, l’autre, à gauche, en short blanc et grand chapeau rose orangée, la main droite sur la poignée de l’autre battant et le bras gauche posé sur l’épaule de la première.

Verticales et diagonales irradient la composition, même les bras des deux jeunes filles s’enchainent naturellement en ligne brisée. Les deux corps reposent sur leur jambe droite, la jambe gauche légèrement pliée.

Comme dans une apparition, la lumière éclaire les personnages de l’arrière. Ils nous font face et semblent attendre notre réaction avant de passer à autre chose.

Peinte à Arcachon, le modèle de gauche est Marie Forher, née Lacaze, fille d’Hélène et de Paul Lacaze, cousin germain du père de l’artiste, chez qui Germaine Lacaze passa de nombreux étés dans les années 50 et 60.

Pêcheurs sur le port de la Teste-de-Buch, Pierre et Juana

Superbe mise en scène d’un couple de pêcheurs au petit port arcachonnais de la Teste–de-Buch, où, l’artiste a pris visiblement du plaisir à brosser toute une composition de personnages et de paysages de bord de mer où les mises en perspective s’enchainent.

Deux grands travellings triangulaires : d’abord, au premier plan, de gauche à droite, le couple de pêcheurs, l’homme et la femme avec leur bébé, puis en contrebas des femmes de pêcheurs penchées sur leurs filets ; enfin, au second plan, de droite à gauche, fuyant vers un soleil couchant placé à l’horizon en haut du milieu de la toile, une suite de maisons de pêcheurs en bois et de pinasses si caractéristiques des bords du bassin d’Arcachon.

Les femmes portent la quichenotte et le short rouge typiques du lieu. Si l’homme, assis de face, torse nu, est concentré, la tête baissée, sur le ravaudage de ses filets, la femme, le regard au loin, son enfant serré sur sa poitrine dans une étoffe blanche, les jambes allongées et le corps appuyé sur une table, apporte calme et sérénité à la scène.

Vision d’un Eden marin, que le regard de Juana nous invite à découvrir, où les corps prennent le soir la couleur de l’eau inondée de soleil.

Ont servi de modèles Pierre-Camille Lacaze, petit cousin de l’artiste et Juana, fille de ses amis espagnols Maria-Eugenia et Javier Huder Ruiz de Alda de Pampelune.

Les confitures

Toute en hauteur, cette composition évoque la préparation des confitures dans la cuisine de la maison de campagne de Villeneuve-le-Comte de l’artiste, où les enfants sont mis à contribution.

Sur la droite en hauteur, vue de trois-quarts, la cuisinière avec son tablier blanc surveille la cuisson des fruits dans un grand chaudron en cuivre, spatule à la main. Au premier plan, assise devant la table de la cuisine, une fillette prépare dans une bassine les fruits puisés dans un panier posé à ses pieds nus. A gauche de profil, un garçon est concentré, peut-être à la fermeture des pots. A ses côtés, derrière la table, un autre enfant le regarde, la tête posée sur sa main gauche.

Cette toile-vitrail est construite autour de trois bulles où sont isolés les personnages, concentrés à leurs tâches de chaque côté de la table de la cuisine, avec une crédence traitée en pavé lumineux et un sol redressé, vu de plus haut que la table, donnant une mise en perspective dynamique si chère à l’artiste.

Les éclats des clairs-obscurs sont répartis sur toute la composition : des morceaux de lumière du tissu à carreaux rouges et blancs sur les genoux de la fillette, aux éclats lumineux de la pièce voisine, avec, au centre, dominants, les éclats blancs de la nappe, ceux des pots de verre vides et ceux du tablier de la cuisinière.

Dans cette atmosphère laborieuse, le visage de l’enfant seul sans occupation, tourné vers le peintre, nous apporte une touche de rêverie.

Le 14 juillet à Villeneuve-le-Comte

Belle fresque colorée de personnages attablés devant des boissons sur la grande place de Villeneuve-le-Comte au sol d’un jaune lumineux, peints dans l’ombre et la lumière sur fond de manèges multicolores de fête foraine sous de gros lampions rouges et bleus, avec, tout au fond, en perspective à droite, la silhouette de la façade de la mairie de ce village de Seine-et-Marne où se trouvait la maison de campagne de l’artiste, ornée de deux drapeaux tricolores pour la fête nationale. La vue partielle d’un stand de tir avec carabines et pipes complète la droite de la toile sur toute sa hauteur.

Au centre du groupe, une femme, les cheveux châtain clair, les bras nus, toute de blanc vêtue, attire l’œil sous la lumière, dont celui de l’homme à sa droite vêtu d’un polo rayé bleu et blanc, qui tourne franchement sa tête sur la gauche, le torse toujours de face. A droite du couple, deux femmes dans l’ombre, discutent dont l’une avec un bébé dans les bras. Leurs têtes sont positionnées l’une masquant l’autre, celle de la mère de famille assise de travers étant peinte de dos.

Vision d’un humanité heureuse et conviviale, cette toile éclate d’un bonheur certain où le plaisir est la règle.

Souvent exposée, cette toile orne depuis mars 2014 la salle du conseil municipal de la mairie de Villeneuve-le-Comte.

Monsieur Havot, voisin de l’artiste à Villeneuve-le-Comte a posé pour l’homme de la scène.

Françoise et ma mère au jardin

Belle composition en hauteur de deux figures féminines dans un coin de jardin visiblement en été à Villeneuve-le-Comte avec des contrastes affirmées de vibrations colorées dans les ocres, les oranges, les blancs bleutés et les verts sombres. Les deux figures de la toile sont féminines : une jeune femme blonde peinte en pied sur la droite, Françoise, portant une blouse blanche lumineuse, concentrée à manipuler un pot posé devant elle sur une table ronde de jardin en fer occupant le premier plan, et la mère de l’artiste assise en arrière-plan à gauche en hauteur avec un grand chapeau et un journal à la main qui regarde la jeune femme. Sur la table recouverte d’une nappe orange trône un gros melon ou une citrouille.

Des traits noirs délimitent les bras et les jambes de Françoise. Les touches de pinceau posées en parallèle bâtissent les zones lumineuses, les ombres et modèlent les volumes. Les diagonales et les ovales s’enchaînent. Notre regard passe de haut en bas capté par les tâches claires de la scène.

Le modèle Françoise est la première des trois filleules de l’artiste, qui a vécu une partie de sa jeunesse au sein de la famille Lacaze dans les années 40 et 50.

La solitude

A droite, sur un sol enneigé, une femme s’enveloppant dans un grand manteau rouge brun et serrant un paquet contre elle, avance avec précaution, les yeux baissés, seule dans la rue. Sur la gauche, une autre femme en manteau noir avec ses enfants, lui tourne le dos.

Un marchand de journaux au fond de la composition, un homme sandwich sur l’extrême-droite et des rangées de silhouettes humaines et de troncs d’arbres complètent en couleurs sombres tout le haut de la toile, comme un décor circulaire cernant les personnages du premier plan.

La lumière est rasante. Seules les ombres démesurées des passants qui se détachent sur la vive lumière du sol, accompagnent la marche difficile de la femme à contre-sens de tous les autres.

Traitée en bandes verticales, avec trois couleurs dominantes, noir, blanc et rouge brun, cette vision poignante de la solitude est une toile de jeunesse, peinte à l’Ecole des Beaux-Arts, où déjà le traitement de la lumière fait partie du travail pictural de l’artiste.

Même avec des visages de caricature, l’émotion est là d’une jeune artiste de 21 ans face à l’isolement d’une femme âgée, seule et démunie, à une époque où la crise économique de 1929 frappe les plus fragiles.